Autant pour moi, Alexandre, d'avoir eu plaisir à te lire... que nous soyions d'accord ou non... ce qui suit ne relève d'ailleurs que de mon simple jugement et ne prétend en rien constituer l'universelle vérité sur la question
Alexandre a écrit : La prise de drogue n'intervient pas dans le cas d'imagination défaillante...elle intervient dans le rapport à soi. C'est une prise de distance avec soi même qui permet notamment d'évacuer l'angoisse...le stress, l'anxiété...d'éteindre pendant un certain temps nos warning.
C'est justement parce que la prise de produits stupéfiants altère les rapports de perceptions interne et externe qu'elle influence directement le processus créatif : cette distanciation de la conscience d'avec elle même que tu évoques n'existe d'ailleurs pas car elle induirait un caractère introspectif en laquelle soi serait à soi indépendamment de soi... attitude d'une dimension tant contemplative que discursive requérant la pleine maîtrise d'une conscience lucide ; également, la prise de produits stupéfiants n'évacue ni angoisse, ni anxiété : elle n'agit que comme substitut masquant ; cette tension qui m'étreint ne me stimulera plus défavorablement par l'ingestion de drogues... mais ne manquera pas de reparaître lorsque les conditions spécifiques qui l'avaient justifiée seront de nouveau remplies.
Alexandre a écrit :La créativité demande un détachement de soi-même et une captation d'éléments inconscients qui trouvent leur origine dans notre histoire personnelle.
Comment pourrait-on créer si l'on est "détaché" de soi ? Et, de là, qui, en l'occurence, crééra à notre place ? C'est justement parce l'on est à soi, au coeur de soi, dans la pureté de son intimité d'être que l'on peut véritablement créer ; la création, c'est l'exposition de soi par le biais d'un support défini... et c'est ce même terme médiat qui attestera de la quintessence de soi... j'affirme donc que pour créer, il faut être à soi sur le mode d'une fusion unique, solennelle, à l'horizon d'une grave révélation d'être...
Alexandre a écrit :Il existe 2sortesde créateurs : ceux qui ont été surstimulés, dans ce cas la création permet de vider le trop plein et ceux qui ont manqué de stimulations, dans ce cas la créations permettant de combler ce vide.
C'est, à mon sens, une analyse strictement formelle et sensiblement réductrice ; je pose qu'il n'est de créateur qu'en rapport d'une synthèse de manques spécifiques ; ce que l'on créé, ce n'est jamais qu'une matière d'être idéalisée, laquelle place soi en transcendance de soi ; cette pièce musicale aboutie, elle est ce que je suis dans un projet d'être unique : elle correspond à l'actualisation d'une idée dont je suis la représentation originaire. Ce tableau, c'est la matérialisaiton de l'artiste, mais tout autant, c'est cet artiste matérialisé dans ce qu'il est à être : l'expression d'un manque compensé. Ce manque, dans le besoin impérieux de représentation d'être, cette compensation, dans la peinture achevée.
Alexandre a écrit :
C'est pour cette raison que quand je lis Grimm nous parler de normalité en matière trac j'ai les poils qui se hérissent. Môsieur part du principe que tout le monde doit réagir comme lui...(encore un processus de réassurance de bas étage qui nous amène à des systèmes psychorigides cherchant à gommer les différences...."le meilleur des mondes " selon Aldous Huxley....).
Là, en revanche, nous sommes d'accord ; notre ami Grimm à certainement raison au sens large du terme : le "trac" affecte la très grande majorité d'entre nous... mais, car il y a un "mais" : une majorité implique une minorité... et je vais paraître certainement bien prétentieux mais je dois avouer que le trac, eh bien... je ne l'ai jamais lorsque je monte sur scène. Je n'y peux rien, c'est ainsi. Alors évidemment, les concerts auxquels je participe habituellement sont toujours très modestes... peut être passerais-je par toutes les couleurs du prisme
s'il me fallait jouer devant un auditoire de grands professionnels du style, s'il y avait foule -ce sera certainement dans une autre vie- lors de nos prestations... peut être, donc... mais en attendant ces fastes moments... si je devais tenter d'expliquer l'absence de cette étrange tension, c'est probablement parce que lorsque je joue devant un public, je ne m'inscris dans aucune démarche "égo-promotionnelle", ni démonstratrice ni "compétitrice" ; bien au contraire : je me laisse littéralement aller à moi-même, je laisse libre cours à tous mes débordements, la scène m'est infiniment cathartique...
Alexandre a écrit :Concernant le trac, c'est juste une question de gestion du stress ET DES EMOTIONS (!!!)...nullement question de normalité (en plus merci du cadeau quand on voit ceux qui se prennent pour des normes
).
De nouveau d'accord avec toi ; même si je relativiserai tout de même en précisant que les personnes affectées de trac sont autrement plus nombreuses que celles qui ne le sont pas ; cepndant, tu as raison : le trac se maîtrise très progressivement ou tout au moins s'atténue notablement lorsqu'on lui oppose les techniques adéquates. La plus simple : affronter le plus souvent possible ce qui le cause ; par extension, et dans un tout autre domaine... mais pour demeurer dans le problème du manque d'assurance, qui craint l'autre aura le plus grand intêret à fréquenter les salles de boxe. Effet radical garanti.