La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
- John Steed
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Le discours de la méthode.
Avec de la méthode et de la logique on peut arriver à tout aussi bien qu'à rien.
- Gentilapin
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Slt à tous les bosseurs !
Oui, comme on est un peu masos et qu'on aime bien se faire flageller, alors plus la méthode est rebutante, plus on l'adore !
Tout çà pour dire que la Méthode Agostini qui peut paraître austère, primaire et aussi pleine de pages compliquées;
est un recueil d'exercices qu'il faut savoir déchiffrer... Pour celà, il faut un "Maître" et, j'en parle en connaissance de cause,
y en pas beaucoup... La rareté se paie cher, en argent et en temps à passer pour assimiler !
Aussi, on peut considérer la méthode Ago comme la Bible de la batterie, c'est pas moi qui le dit ...mais Kenny Clarke
et Max Roach, oui c'est écrit et signé dans la préface de la première mouture du Vol II ..!
Oui, comme on est un peu masos et qu'on aime bien se faire flageller, alors plus la méthode est rebutante, plus on l'adore !
Tout çà pour dire que la Méthode Agostini qui peut paraître austère, primaire et aussi pleine de pages compliquées;
est un recueil d'exercices qu'il faut savoir déchiffrer... Pour celà, il faut un "Maître" et, j'en parle en connaissance de cause,
y en pas beaucoup... La rareté se paie cher, en argent et en temps à passer pour assimiler !
Aussi, on peut considérer la méthode Ago comme la Bible de la batterie, c'est pas moi qui le dit ...mais Kenny Clarke
et Max Roach, oui c'est écrit et signé dans la préface de la première mouture du Vol II ..!
- Capitaine Caverne
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Et Jean-Baptiste Lully dans la préface du volume I.Gentilapin a écrit : Aussi, on peut considérer la méthode Ago comme la Bible de la batterie, c'est pas moi qui le dit ...mais Kenny Clarke
et Max Roach, oui c'est écrit et signé dans la préface de la première mouture du Vol II ..!
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Certes.la méthode Ago comme la Bible de la batterie,
A chacun sa bible, et à chacun sa religion !
Concernant la batterie, la meilleure religion n'est donc probablement pas le monothéïsme
Ca fait pas beaucoup avancer le Schi-mi-li-bi-lick, mais j'ai pas mieux (pis, ma foi, pensée du jour bonjour ; quand on ne connait pas le sujet discuté, autant se la f..... ).
Cela dit, vos échanges sont intéressants.
- soft
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
reconnais qu'en tant que co-fondateur de l'école on le voit mal dire autre chose.Gentilapin a écrit : on peut considérer la méthode Ago comme la Bible de la batterie, c'est pas moi qui le dit ...mais Kenny Clarke
..!
le problème avec la Bible c'est qu'il y a non seulement deux testaments mais aussi le Coran, Joseph Smith et ses Mormons (le noeud), les Santerias et toutes les cosmogonies locales qui elles aussi fondent l'homme dans le grand temps universel.
Ce qui me paraît le plus remarquable chez Dante Agostini c'est sa quète d'autodidacte et son travail d'analyse du mouvement (doigtés) et enfin de synthèse (ou plutôt de classification). Comme pour de nombreuses religions, la voix des pasteurs et l'interprétation des textes sacrés sont les corollaires obligés de l'âpritude; sans eux c'est comme avoir la liste des courses sans les recettes: tu risques de bouffer des pomelos grillés au jus de hareng et shoebril en pâte ou de prendre ta douche au hot guacamole en te frottant au gratton inox.
C'est qui, Max Roch ?
- ChristopheMazette
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
J'ai jamais lu cette préface
par contre, Jacques Delécluse a préfacé le volume 0, et il me semble qu'il y parle de bible
ça m'intéresse si t'as une copie de cette préface...
par contre, Jacques Delécluse a préfacé le volume 0, et il me semble qu'il y parle de bible
ça m'intéresse si t'as une copie de cette préface...
- Gentilapin
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Bonsoir,ChristopheMazette a écrit :J'ai jamais lu cette préface
par contre, Jacques Delécluse a préfacé le volume 0, et il me semble qu'il y parle de bible
ça m'intéresse si t'as une copie de cette préface...
Oui.... d'ailleurs je la livre à tous les participants de ce forum.
Il s'agit du dos de la première page du VOL II d'Agostini, Edition 1971 (88 PAGES)
Celle là je la garde jalousement, c'est une relique ! En fait le nouveau VOL II possède plus de pages et d'exercices différents !
*Parenthèse hors sujet: je possède aussi la Méthode Léon AGEL de 1950 ! et Michel LORIN de 1964... des ancêtres précieux ! (Pardon d'être un peu ringard)
Quand on voit la vulgarisation et la pléthore de "méthodes" actuelles...
Et puis je vais me calmer et m'arrêter de poster sur ce sujet, mes convictions étant les miennes, je ne cherche aucunement à imposer mes vues...
A méditer : lorsque je me regarde je m'inquiète, lorsque je me compare je me rassure...
Je parle de musique... bien sûr.
Et puis, y a quand même des amateurs d'Agostini sur ce forum
http://www.ladrummerie.com/viewtopic.php?f=17&t=34438" onclick="window.open(this.href);return false;
au vu des questions que cette méthode soulève...
tant qu'il y a mystère, y aura du grain à moudre et intéressements !
- Cyril75
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Ouais enfin... on apelle ça du marketing, de la pub si tu préfère, ça n'a rien de réaliste...
Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Moi c'est la contraire, quand je regarde les videos sur Youtube souvent je m'inquiete, ou deprime . Et aussi bon ca motive quand meme un peu, sinon a quoi bon .Gentilapin a écrit :A méditer : lorsque je me regarde je m'inquiète, lorsque je me compare je me rassure...
- Gentilapin
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
C'est vrai aussi pour moi, liolio2...
Y'a vraiment des pointures sur Youtube et consorts...
Allez, un de ces 4 je vais essayer d'en mettre une de moi...
mais va falloir que je m'affûte grave avant..!
Rien que le stress d'être filmé... C'est pour celà que j'ai encore beaucoup à apprendre,
entre le savoir faire et le savoir être...
Il me faudrait 2 vies pour tout assimiler...
Y'a vraiment des pointures sur Youtube et consorts...
Allez, un de ces 4 je vais essayer d'en mettre une de moi...
mais va falloir que je m'affûte grave avant..!
Rien que le stress d'être filmé... C'est pour celà que j'ai encore beaucoup à apprendre,
entre le savoir faire et le savoir être...
Il me faudrait 2 vies pour tout assimiler...
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Gentilapin a écrit :Rien que le stress d'être filmé... C'est pour celà que j'ai encore beaucoup à apprendre,
entre le savoir faire et le savoir être...
Il me faudrait 2 vies pour tout assimiler...
On est jamais aussi bon que seul dans son local...
Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Clair, ca me fait penser que hier j'ai dechire au local... ok jeMetalFarther a écrit :Gentilapin a écrit :Rien que le stress d'être filmé... C'est pour celà que j'ai encore beaucoup à apprendre,
entre le savoir faire et le savoir être...
Il me faudrait 2 vies pour tout assimiler...
On est jamais aussi bon que seul dans son local...
Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Bonjour tout le monde!
Il y a déjà un bon moment que je parcours ce forum, et là, simplement parce que certains topics s’avèrent aussi passionnants qu’instructifs – même pour le vétéran du « Poum-tac » que je suis sensé être - j’ai décidé de m’inscrire… Et de prendre mon courage à deux mains pour intervenir sur un sujet apparemment polémique (désolé si la présentation ne s’opère pas dans le topic dédié, mais, bon, l’administrateur aura bien pitié d’un vieux nouveau un peu pressé!)
Heu, à vrai dire, je ne peux pas être totalement neutre, vu que j’ai moi-même tenté d’œuvrer à la démocratisation pédagogique de notre bel instrument en pondant 3 bouquins : « Le premier temps », pour débutants, « Temps forts », pour intermédiaires, et « Au fond du temps », pour zicos irrécupérables (Certains connaissent peut être, sinon, à tout hasard - car le coup du pseudo me colle la désagréable sensation de torcher une lettre anonyme - mon nom commence par un D et finit par un N).
A mon humble opinion, il est impossible de porter un regard objectif sur l’œuvre de Dante Agostini sans la resituer dans son époque; Comme l’ont signalé quelques intervenants suffisamment mûrs pour l’avoir connu, Dante était un absolu passionné de la batterie, aussi acharné à en traquer les rouages techniques qu’à démontrer sa légitimité à exister à part entière dans la famille des instruments de musique. De plus, le « métier » offrant en ce temps-là pléthore d’opportunités en comparaison d’aujourd’hui, il faut d’abord souligner sa générosité à avoir consacré un temps et une énergie monstres au partage de son savoir, plutôt qu’à ne le rentabiliser que dans les « affaires ».
La réalité est qu’il existait déjà, mais presque exclusivement de l’autre côté de l’Atlantique, des méthodes si performantes qu’elles demeurent aujourd’hui encore d’actualité (« Advanced techniques for the modern drummer », « Stick control »,…), mais leur importation au compte goutte, le sujet spécifique dont chacune traitait (celle-là de coordination, l’autre de technique, …) et le peu d’exposition que les revendeurs français de l’époque accordaient aux ouvrages consacrés à la batterie - dont les adeptes ne représentaient qu’une sous part de marché, de surcroît soupçonnée d’illettrisme musical - condamnaient le batteur désirant progresser à ne disposer que d’informations parcellaires.
Dans ce contexte, le souci premier de Dante fut de convaincre un éditeur français de commercialiser une méthode complète de batterie... Ce qui (les générations nageant aujourd’hui dans un océan de littérature percussive ont raison de se pincer le croire) était loin d’être gagné!
Il est très important d’avoir conscience de ça, car l’incertitude initiale de voir son travail pérennisé explique 2 choses :
1 – Le contenu radicalement « fourre tout » des 2 premiers volumes (encore qu’il ait pu retravailler le second de son vivant), enchaînant allègrement exercices basiques et exercices de niveau sans rapport, découle du fait qu’il n’était pas du tout assuré d’en sortir d’autres.
2 – L’association originelle avec Kenny Clarke, certes motivée par une admiration sincère, s’est avérée, dans les faits, une relation similaire à celle de Buddy Rich/Henry Adler (pour parler clair : un besogneux qui se tape tout le boulot, l’artiste cautionnant de sa notoriété). Cette collaboration aura surtout permis à Dante de susciter l’intérêt d’un premier éditeur, l’essentiel étant qu’il finisse par obtenir la reconnaissance de son immense labeur: Son seul nom s’est ensuite imposé comme marque de fabrique de l’intégralité de la méthodologie, lui-même, puis aujourd’hui ses ayant-droits, en récupérant l’exploitation commerciale.
Pour moi, c’est cette autonomie éditoriale (à ma connaissance, les ayant-droits se sont toujours opposés à ce que quiconque touche à quoi que ce soit de l’œuvre originale) qui cause débat autour des fameuses méthodes Agostini.
Dans le domaine de la pédagogie musicale, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter de sujets hautement techniques, l’absolue liberté d’éditer tout ce qui vous passe par la tête est une arme à double tranchant : d’un côté, aucune censure n’est à redouter de la part d’un directeur artistique pas vraiment au fait de ce dont on parle, d’un autre, un musico, aussi compétent et bourré de bonnes intentions soit-il, peut s’avérer si peu concerné par l’aspect éditorial que l’excellence de son fond est susceptible d'injustement pâtir de sa forme.
Perso, j’adhère au discours de ceux qui assurent que tout, absolument tout, ce qu’il est nécessaire d’apprendre pour manipuler correctement une batterie est inclus dans les bouquins de Dante.
Mais je rejoins également ceux qui regrettent l’austérité démodée de leur présentation, leur illogisme dans la progression, et leur manque global de mise en perspective musicale.
En fait, l’ambiguïté provient de ce qu’a voulu créer Dante : une gigantesque somme d’exercices visant à tirer les batteurs vers le haut, donc à les aider à devenir moins mauvais… Point barre ! Mon p’tit gars, moi, j’veux bien t’enseigner la batterie, mais pour ce qui est de la musique, va faire ça dans ton orchestre!
Ouai, mais… Quid de la musicalité, du feeling, du groove, du swing, de la tournerie, de l’inspiration et du bœuf Bourguignon? Et bien, c’est simple : comme tous ceux qui ont pris un billet sans retour en accouplant vie et musique, Dante savait pertinemment qu’il existe une nuance aussi subtile entre un instrumentiste et un musicien que celle séparant un journaliste d’un écrivain. Il existe des écoles pour apprendre le journalisme, mais on n’apprend pas à devenir écrivain… Nouveau point barre !
Avant de porter un jugement, il faut donc absolument faire la part des choses : Depuis que Dante nous a quittés, les marchands du temple ont découvert un grand intérêt à faire de l’art, et plus généralement de la culture, un objet de pur divertissement… La musique en premier lieu! Désormais, son initiation est non seulement facilement accessible à tous, mais sa pratique s’est aussi considérablement diversifiée, le marché ne se réduisant plus à une maigre fraction de frappeurs doués pour la chose. Comme tous les merveilleux musiciens que j’ai connu lors de mes débuts dans le « métier » parisien, Dante Agostini aurait crié au délire si on lui avait prédit qu’un jour des gens meubleraient une partie de leur temps de hobby disponible en tapotant tout seuls sur un engin électrique, qu’ils s’abonneraient aux cours d’un « bon » professeur, c'est-à-dire apte à procurer un plaisir immédiat sans opposer d'objection à l'absence d’effort et de disposition (« la technique, c’est trop dur, moi je fais ça juste pour m’amuser, hein.. »), et que beaucoup kifferaient leurs coups de baguettes sans savoir faire un roulement, sans avoir jamais acheté un disque, sans avoir jamais mis les pieds dans une salle de concert, sans avoir jamais mis en place la moindre syncope avec un bassiste!
Voilà pourquoi un tas de gus dans mon genre s’acharnent à imaginer des supports de nature à fidéliser ce nouveau public, auquel le format Agostinien ne peut absolument plus convenir. Il lui faut désormais du « tout en un », c'est-à-dire de l’apprentissage didactique, de la présentation conviviale, de l’invitation à la mise en pratique musicale, de l’ouverture culturelle… Et, autant que possible, un solide concept pédagogique en fond, tant la frontière avec démagogie devient mince dés lors qu’il s’agit d’absolument vendre du plaisir aux gens.
Cela dit, pour ceux qui auront survécu aux chimères d’un accomplissement musical sans respect, travail ni don, j’affirme que les bouquins d’Agostini fourniront toujours une matière aussi inépuisable que celle dispensée par la Jim Chapin (citée volontiers par André Ceccarelli comme unique méthode étudiée!) ou par le Stick control… Ou par la foule de passionnants ouvrages de nos contemporains !
Pour l'avoir quand même un peu connu, je suis certains que Dante n'aurait pas hésité, lui, à actualiser son boulot, et qu'avec un homme de sa stature, un DE de batterie aurait réussi à exister!
Pour en terminer, car j’ai bien peur d’en avoir déjà saoulé plus d’un avec ma tirade, j'ai juste envie de vous remercier pour m’avoir accueilli, et de vous souhaiter les meilleures fêtes possibles, amigos!
Il y a déjà un bon moment que je parcours ce forum, et là, simplement parce que certains topics s’avèrent aussi passionnants qu’instructifs – même pour le vétéran du « Poum-tac » que je suis sensé être - j’ai décidé de m’inscrire… Et de prendre mon courage à deux mains pour intervenir sur un sujet apparemment polémique (désolé si la présentation ne s’opère pas dans le topic dédié, mais, bon, l’administrateur aura bien pitié d’un vieux nouveau un peu pressé!)
Heu, à vrai dire, je ne peux pas être totalement neutre, vu que j’ai moi-même tenté d’œuvrer à la démocratisation pédagogique de notre bel instrument en pondant 3 bouquins : « Le premier temps », pour débutants, « Temps forts », pour intermédiaires, et « Au fond du temps », pour zicos irrécupérables (Certains connaissent peut être, sinon, à tout hasard - car le coup du pseudo me colle la désagréable sensation de torcher une lettre anonyme - mon nom commence par un D et finit par un N).
A mon humble opinion, il est impossible de porter un regard objectif sur l’œuvre de Dante Agostini sans la resituer dans son époque; Comme l’ont signalé quelques intervenants suffisamment mûrs pour l’avoir connu, Dante était un absolu passionné de la batterie, aussi acharné à en traquer les rouages techniques qu’à démontrer sa légitimité à exister à part entière dans la famille des instruments de musique. De plus, le « métier » offrant en ce temps-là pléthore d’opportunités en comparaison d’aujourd’hui, il faut d’abord souligner sa générosité à avoir consacré un temps et une énergie monstres au partage de son savoir, plutôt qu’à ne le rentabiliser que dans les « affaires ».
La réalité est qu’il existait déjà, mais presque exclusivement de l’autre côté de l’Atlantique, des méthodes si performantes qu’elles demeurent aujourd’hui encore d’actualité (« Advanced techniques for the modern drummer », « Stick control »,…), mais leur importation au compte goutte, le sujet spécifique dont chacune traitait (celle-là de coordination, l’autre de technique, …) et le peu d’exposition que les revendeurs français de l’époque accordaient aux ouvrages consacrés à la batterie - dont les adeptes ne représentaient qu’une sous part de marché, de surcroît soupçonnée d’illettrisme musical - condamnaient le batteur désirant progresser à ne disposer que d’informations parcellaires.
Dans ce contexte, le souci premier de Dante fut de convaincre un éditeur français de commercialiser une méthode complète de batterie... Ce qui (les générations nageant aujourd’hui dans un océan de littérature percussive ont raison de se pincer le croire) était loin d’être gagné!
Il est très important d’avoir conscience de ça, car l’incertitude initiale de voir son travail pérennisé explique 2 choses :
1 – Le contenu radicalement « fourre tout » des 2 premiers volumes (encore qu’il ait pu retravailler le second de son vivant), enchaînant allègrement exercices basiques et exercices de niveau sans rapport, découle du fait qu’il n’était pas du tout assuré d’en sortir d’autres.
2 – L’association originelle avec Kenny Clarke, certes motivée par une admiration sincère, s’est avérée, dans les faits, une relation similaire à celle de Buddy Rich/Henry Adler (pour parler clair : un besogneux qui se tape tout le boulot, l’artiste cautionnant de sa notoriété). Cette collaboration aura surtout permis à Dante de susciter l’intérêt d’un premier éditeur, l’essentiel étant qu’il finisse par obtenir la reconnaissance de son immense labeur: Son seul nom s’est ensuite imposé comme marque de fabrique de l’intégralité de la méthodologie, lui-même, puis aujourd’hui ses ayant-droits, en récupérant l’exploitation commerciale.
Pour moi, c’est cette autonomie éditoriale (à ma connaissance, les ayant-droits se sont toujours opposés à ce que quiconque touche à quoi que ce soit de l’œuvre originale) qui cause débat autour des fameuses méthodes Agostini.
Dans le domaine de la pédagogie musicale, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter de sujets hautement techniques, l’absolue liberté d’éditer tout ce qui vous passe par la tête est une arme à double tranchant : d’un côté, aucune censure n’est à redouter de la part d’un directeur artistique pas vraiment au fait de ce dont on parle, d’un autre, un musico, aussi compétent et bourré de bonnes intentions soit-il, peut s’avérer si peu concerné par l’aspect éditorial que l’excellence de son fond est susceptible d'injustement pâtir de sa forme.
Perso, j’adhère au discours de ceux qui assurent que tout, absolument tout, ce qu’il est nécessaire d’apprendre pour manipuler correctement une batterie est inclus dans les bouquins de Dante.
Mais je rejoins également ceux qui regrettent l’austérité démodée de leur présentation, leur illogisme dans la progression, et leur manque global de mise en perspective musicale.
En fait, l’ambiguïté provient de ce qu’a voulu créer Dante : une gigantesque somme d’exercices visant à tirer les batteurs vers le haut, donc à les aider à devenir moins mauvais… Point barre ! Mon p’tit gars, moi, j’veux bien t’enseigner la batterie, mais pour ce qui est de la musique, va faire ça dans ton orchestre!
Ouai, mais… Quid de la musicalité, du feeling, du groove, du swing, de la tournerie, de l’inspiration et du bœuf Bourguignon? Et bien, c’est simple : comme tous ceux qui ont pris un billet sans retour en accouplant vie et musique, Dante savait pertinemment qu’il existe une nuance aussi subtile entre un instrumentiste et un musicien que celle séparant un journaliste d’un écrivain. Il existe des écoles pour apprendre le journalisme, mais on n’apprend pas à devenir écrivain… Nouveau point barre !
Avant de porter un jugement, il faut donc absolument faire la part des choses : Depuis que Dante nous a quittés, les marchands du temple ont découvert un grand intérêt à faire de l’art, et plus généralement de la culture, un objet de pur divertissement… La musique en premier lieu! Désormais, son initiation est non seulement facilement accessible à tous, mais sa pratique s’est aussi considérablement diversifiée, le marché ne se réduisant plus à une maigre fraction de frappeurs doués pour la chose. Comme tous les merveilleux musiciens que j’ai connu lors de mes débuts dans le « métier » parisien, Dante Agostini aurait crié au délire si on lui avait prédit qu’un jour des gens meubleraient une partie de leur temps de hobby disponible en tapotant tout seuls sur un engin électrique, qu’ils s’abonneraient aux cours d’un « bon » professeur, c'est-à-dire apte à procurer un plaisir immédiat sans opposer d'objection à l'absence d’effort et de disposition (« la technique, c’est trop dur, moi je fais ça juste pour m’amuser, hein.. »), et que beaucoup kifferaient leurs coups de baguettes sans savoir faire un roulement, sans avoir jamais acheté un disque, sans avoir jamais mis les pieds dans une salle de concert, sans avoir jamais mis en place la moindre syncope avec un bassiste!
Voilà pourquoi un tas de gus dans mon genre s’acharnent à imaginer des supports de nature à fidéliser ce nouveau public, auquel le format Agostinien ne peut absolument plus convenir. Il lui faut désormais du « tout en un », c'est-à-dire de l’apprentissage didactique, de la présentation conviviale, de l’invitation à la mise en pratique musicale, de l’ouverture culturelle… Et, autant que possible, un solide concept pédagogique en fond, tant la frontière avec démagogie devient mince dés lors qu’il s’agit d’absolument vendre du plaisir aux gens.
Cela dit, pour ceux qui auront survécu aux chimères d’un accomplissement musical sans respect, travail ni don, j’affirme que les bouquins d’Agostini fourniront toujours une matière aussi inépuisable que celle dispensée par la Jim Chapin (citée volontiers par André Ceccarelli comme unique méthode étudiée!) ou par le Stick control… Ou par la foule de passionnants ouvrages de nos contemporains !
Pour l'avoir quand même un peu connu, je suis certains que Dante n'aurait pas hésité, lui, à actualiser son boulot, et qu'avec un homme de sa stature, un DE de batterie aurait réussi à exister!
Pour en terminer, car j’ai bien peur d’en avoir déjà saoulé plus d’un avec ma tirade, j'ai juste envie de vous remercier pour m’avoir accueilli, et de vous souhaiter les meilleures fêtes possibles, amigos!
- soft
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
Bienvenue,Jielday. Il commençait à devenir urgent qu'une intervention exhaustive réinsère les métodagos dans leur chronologie et dans leur époque; C'est sans appel. Que pouvait on demander de mieux pour les fêtes ? merci pour cette contribution au forum et merci pour ton implication dans la transmission du savoir. Joyeuses fêtes
- vavou
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Re: La méthode agostini bonne ou pas bonne ?
extra
merci pour le contexte, cette mise en perspective est éclairante.
je ne souhaitais plus participer à cette discussion après le (long) message de Syrian, (celui qui compare Agostini et Delécluse). je me suis dit qu'il serait trop fastidieux d'expliquer les différences et les comparaisons entre les deux maestro.
sinon, pour ouvrir le sujet, j'ai reçu il y a deux ans la méthode DVD de Humair.
Le DVD est super mais il aurait du paraitre en 1985 pour faire un tabac, en 2009 il est has been total son dvd.
qui se souvient de sa méthode avec lune et soleil pour gauche droite ?
tout cela pour dire que penser, puis inventer et mettre en forme une méthode c'est un putain de boulot.
j'ai critiqué quelques ouvrages de percu et j'ai une méthode de mon cru sur le feu...
c'est dur, c'est vrai.
enfin de nos jour, il n' y a presque plus de boulot pour les batteurs (en musique à danser comme en musique classique), en tout cas beaucoup moins si j'en crois mes collègues à la retraite qui, quand ils me racontent "le métier" et jaugent la situation actuelle sont tous désolés.
mais vous ne m’empêcherez pas de dénoncer tous les PROFS escrocs qui sévissent en batterie et nombreux ont un vernis agostini, alors évidement je tire à vue sur ceux là.
peux tu m'expliquer pourquoi moi qui ai étudié (excusez du peu) avec Christian Garros, je connais la méthode académique de l'impro jazz à la batterie, et pourquoi des élèves avancés de chez AGO n'en n'ont jamais entendu parler?
personne ne répond à ma question ?
bon sinon je trouve scandaleux que les boites privées de batterie n'aient pas été fichues de se mettre d'accord pour rédiger le contenu d'un diplôme DE/CA de batterie.
c'est un pur scandale !
honte à ces professionnels de merde, ils n ont aucun sens du métier, et scient la branche sur laquelle ils ont leur gros cul posé.
et maintenant ; moi percu classique, sur mes deux dernier département de percu j'ai eu comme collègues des prof de batterie avec un niveau d' amateur.
quelle bêtise, non?
merci pour le contexte, cette mise en perspective est éclairante.
je ne souhaitais plus participer à cette discussion après le (long) message de Syrian, (celui qui compare Agostini et Delécluse). je me suis dit qu'il serait trop fastidieux d'expliquer les différences et les comparaisons entre les deux maestro.
sinon, pour ouvrir le sujet, j'ai reçu il y a deux ans la méthode DVD de Humair.
Le DVD est super mais il aurait du paraitre en 1985 pour faire un tabac, en 2009 il est has been total son dvd.
qui se souvient de sa méthode avec lune et soleil pour gauche droite ?
tout cela pour dire que penser, puis inventer et mettre en forme une méthode c'est un putain de boulot.
j'ai critiqué quelques ouvrages de percu et j'ai une méthode de mon cru sur le feu...
c'est dur, c'est vrai.
enfin de nos jour, il n' y a presque plus de boulot pour les batteurs (en musique à danser comme en musique classique), en tout cas beaucoup moins si j'en crois mes collègues à la retraite qui, quand ils me racontent "le métier" et jaugent la situation actuelle sont tous désolés.
mais vous ne m’empêcherez pas de dénoncer tous les PROFS escrocs qui sévissent en batterie et nombreux ont un vernis agostini, alors évidement je tire à vue sur ceux là.
peux tu m'expliquer pourquoi moi qui ai étudié (excusez du peu) avec Christian Garros, je connais la méthode académique de l'impro jazz à la batterie, et pourquoi des élèves avancés de chez AGO n'en n'ont jamais entendu parler?
personne ne répond à ma question ?
bon sinon je trouve scandaleux que les boites privées de batterie n'aient pas été fichues de se mettre d'accord pour rédiger le contenu d'un diplôme DE/CA de batterie.
c'est un pur scandale !
honte à ces professionnels de merde, ils n ont aucun sens du métier, et scient la branche sur laquelle ils ont leur gros cul posé.
et maintenant ; moi percu classique, sur mes deux dernier département de percu j'ai eu comme collègues des prof de batterie avec un niveau d' amateur.
quelle bêtise, non?